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Elle les a toujours connus, là autour d’elle à s’agiter, comme pour se faire remarquer.

                                                                                          

Elle est habituée.

Elle s’occupe d’eux comme elle peut. Entre son rôle de mère, son travail et les heures passées à l’atelier, elle leur accorde de temps en temps de l’attention. Elle n'a pas à se forcer, ils sont toujours là les petits zoms, à lui tourner autour.

Ils dansent sur le clavier de son ordinateur, courent sur le tableau de bord de sa voiture, grimpent dans la machine à laver, se cachent sous son oreiller. Ils sont si petits et si agiles qu’ils sont capables de tout. Chaque jour, elle est surprise par un talent nouveau.

Parfois, elle se met en colère : « mais arrêtez à la fin, vous ne pourriez pas me laisser tranquille ! Stop,  je n'en peux plus que vous me suiviez partout ! ». Ils protestent par des cris suraigües, si fort, qu’elle finit par se taire pour avoir la paix.

C’est qu’elle a réellement peur pour eux ; ils sont si petits, ils semblent  si fragiles. Elle se sent obligée de les protéger, de surveiller leurs acrobaties au cas où, de les couver du regard en quelque sorte.

Et pourtant, elle s’avoue parfois qu’ils sont très résistants, comme si ils étaient immortels.

Non, elle n’a jamais essayé de s’en débarrasser. Elle les a toujours connus, c’est comme si ils faisaient partie de sa propre vie. Parfois elle les oublie un peu, quand elle se concentre sur autre chose, que son travail est prenant, qu’une sculpture est en train de naître ou que ces fils demandent de l’attention. Au fond, elle sait qu’ils sont là.

Peut-être même que ça la rassure… non, ce n’est pas vrai, c’est une histoire que sa copine a inventée ça.

Parfois, ils la font rire et son cœur fond de plaisir. C’est rare, en général, elle n’a pas la tête à ça.

Ils font beaucoup de bêtises. Pourtant, depuis le temps, ils auraient dû grandir et devenir plus sages. Non, ils ont toujours le même âge, un âge éternel.

Ils la suivent partout, oui je l’ai déjà dit. Même en Chine quand elle va exposer ou en Bretagne sur le bateau de son ami. D’ailleurs, ils sont encore plus chamailleurs quand elle s’intéresse à un homme, un vrai, un grand. Ils y vont de leurs commentaires, jouent du violon, lui chante du Julio Eglesias avec des voix mielleuses. Heureusement, qu’elle est là seule à les entendre. Tout de même, c’est difficile d’être attentive à l’autre quand douze zoms font des commentaires, parfois même jusque dans le  creux de son oreille, comme si ils étaient à l’intérieur de sa tête.

Un jour elle n’en peut plus. La vie est devenue rude soudain et elle n’a plus d’énergie. Elle est seule au bord de la mer. Enfin pas vraiment seule, ce jour là, 7 zoms l’ont suivie. Comme Blanche Neige et ses nains se dit-elle en souriant intérieurement. C’est qu’elle est lourde sa peine.

Elle s’assoie sur un rocher, la mer est en train de se retirer. Les 7 zoms sont étonnement calmes et se sont assis en tailleur sur ses genoux, face à elle. Elle les regarde un moment.

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Elle s’entend s’adresser à eux comme s’ils étaient grands, c’est bien la première fois que ça lui arrive.  « Pourquoi êtes-vous toujours avec moi ? », demande-t-elle calmement. Ce n’est pas un reproche, juste une curiosité qui lui vient soudain.

Et alors, une voix d’homme venu de l’intérieur lui répond : « pour te protéger »

C’est la première fois que les zoms lui parlent !!   Jusqu’à aujourd’hui,  ils n’ont fait que crier, chanter, s'agiter…

Pourtant c’est d’abord la colère qui vient et elle proteste à voix haute : « me protéger, et quoi encore, c’est moi qui passe mon temps à vous surveiller et à veiller sur vous, comme si je n’avais que ça à faire !! »

Et là soudain, elle ressent la puissance de cette voix qu’elle a entendue. Elle trésaille de tout son être. Elle voudrait l’entendre encore. « Parlez-moi encore mes petits zoms.. s’il vous plaît », demande-t-elle tristement, elle qui ne demande jamais rien.

Pas de réponse, si ce n’est le son des vagues à intervalle régulier, très tranquille.

Lor est seule maintenant.

Les petits zoms ont disparu.

Tag(s) : #Texte
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